L'histoire des débuts de Graine
Urbaine
Tout a commencé avec
la voiture, un étrange objet grâce auquel, même avec les jambes
pliées, nous allons plus loin et, malgré de durables sensations
d'étouffement, plus vite également.
Les Italien·ne·s l'appellent « la
machina », qu'on pourrait traduire par « le machin »,
avec son féminin, « la machine ».
Nous entrons donc dans une machine, et
tout change, nous-mêmes en particulier.
La voiture est une machine de
transformation : la vitesse, le bruit, la brutalité d'un choc
éventuel, l'enfermement, tout cela fait que nous ne saluons plus les
gens que nous croisons, et ne tentons pas d'éviter, pour éviter
l'accident, le hérisson aventurier. Nous voilà devenu·e·s
« autres ».
Mais ce dont on se rend compte, si on
s'arrête sur les choses, alors qu'on marche tranquillement, en bonne
compagnie - ce qui, soit dit en passant, n'est pas possible en
voiture - c'est que, non seulement la voiture est une machine de
transformation et de déformation de notre rapport au monde, mais, en
plus, elle transforme notre monde extérieur spatialement.
La
voiture, qu'elle soit mobile (c'est quand même pour ça qu'elle
existe) ou immobile, cette « machine » s'affirme comme facteur de transformation actif de nos paysages intérieurs et
extérieurs.
Ça fait beaucoup !... On ne lui
en demandait pas tant ! Est-ce qu'on ne pourrait pas penser à
une voiture pliable après usage ?
Bref,
voilà qu'un jour de décembre 2019, en balade le long de l’avenue
de France, on se met à imaginer ce que donnerait un espace urbain
allégé de ses voitures. Nous nous disons que cette spatialité
urbaine, organisée en bonne partie par les impératifs de la
circulation automobile deviendrait autre chose, au bénéfice des
habitant·e·s : un espace pluriel et ouvert. Un espace où on
cultive de la nourriture, on se rencontre, on discute, on partage un
repas ou un jeu de pétanque.
On s'y colle donc, d'abord à deux,
puis à quatre : on réfléchit, on visite le quartier, avant de
décider de passer à l'action. Mais comment entrer en discussion
avec les habitant·e·s du quartier ? Comment partager un ou
plusieurs projets pour rouvrir l'espace des rues, se ré-approprier
les usages et partager notre projet, c'est-à-dire la production
alimentaire en milieu urbain ?
Comment faire ? En donnant,
évidemment !
Pour engager la conversation avec les
personnes dans la rue, nous avons distribué des plantons de
tournesol et organisé des apéros au parc Saint-Paul. Depuis avril
2020 on s'installe peu à peu à l’avenue de France et on cause.
D'autres personnes nous rejoignent et aujourd'hui, nous sommes
une association de dix personnes.
Nous avons présenté un projet de
serre urbaine pour l’avenue de France au concours du Budget
participatif, en décembre 2020, avons mené campagne et finalement,
la population lausannoise nous a retenus avec huit autres projets
visant à faire bouger les choses.
Nous voici donc.